Karst Architecture

SENZA SECONDI


8 logements locatifs sociaux en milieu rural et requalification paysagère d’un site pollué

logements intermédiaires et petit collectif

lieu: Besné / 44
type: construction neuve, logements semi-collectifs neufs + paysage
MOE: KARST architecture mandataire
MOA: SILENE
surface: 491 m2 SHAB
calendrier: ACT en cours
performance thermique: RE2020

La mairie de Besné, petite commune du Parc naturel régional de Brière, a choisi de répondre à un fort besoin en logement social en proposant au bailleur social de Saint-Nazaire une parcelle aux caractéristiques très particulières. Quel programme de logement social peut-on construire à petite échelle, avec de fortes contraintes budgétaires, avec quelle densité et quels équilibres de paysage, de volumétries et d’usages avec un tissu rural de périphérie de bourg ?

Sous les auspices d’un terrain périphérique en friche, l’étude historique et morphologique nous révèle les riches épaisseurs du passé: la route qui le jouxte est l’axe historique, préindustriel, reliant la commune à travers les marais à Pontchâteau, au nord. La parcelle actuelle épouse la topographie du site, une légère éminence granitique ayant servi de carrière et de décharge avant la construction des ateliers municipaux à la fin des années 70 et leur démolition un quart de siècle plus tard. Une telle terre ferme au milieu de l’étendue d’eau briéronne sert depuis des siècles de point de repère où les humains accrochent leur œuvre et leurs cultes. En partant du site, au bout d’un petit chemin sous des voutes arborées se trouve la fontaine Saint Second, bâtie au XVe siècle, et un peu plus loin la chapelle du même nom rebâtie vers le milieu du XVIe. Aujourd’hui, au sud de la parcelle, la carrière a laissé place à une mare entourée d’un petit bois. Tout autour du site de nombreux arbres dessinent un clos végétal, marqué par plusieurs chênes centenaires. À l’est, la route historique longe cet écrin végétal et descend au nord vers la route de sortie de bourg créée au XXe.

L’empreinte renouvelée des humains sur la morphologie du site nous a légué une parcelle allongée, finissant en pointe, où les règles urbaines actuelles produisent des contraintes fortes. En effet, les marges de recul sur rue comme sur la limite séparative, auxquelles s’ajoute la mare rendant le sud de la parcelle inutilisable, ne laissent qu’une étroite bande constructible au centre, se refermant vers le nord. Pour alléger cette contrainte, nous avons d’emblée négocié avec la mairie une redéfinition de la limite sur rue dans le cadre d’un projet de requalification urbaine de cette voie secondaire.

Ces éléments structurants définissent l’intervalle dans lequel peut se formuler la réponse architecturale. Nous avons reconsidéré ces contraintes fortes comme une richesse contextuelle et prospective nourrissant le projet. Nous avons scindé le programme en deux volumétries distinctes, articulées autour d’une ouverture en profondeur à travers la parcelle. Un premier volume se développe au long de la route, épousant le virage lent et la légère descente à travers le décalage de ses maisons groupées. Au sud, un second volume prolonge l’alignement des maisons du lotissement voisin, ménageant une vue d’est en ouest à travers notre parcelle et au-delà, à travers les jardins voisins. Cette transparence est renforcée par l’effet de perspective obtenu par l’angle des deux volumes de projet, dont l’articulation est mise en tension par un escalier et une passerelle desservant l’unique logement superposé dans le bâtiment au sud. Un logement en duplex est placé au sud des maisons groupées au long de la route. Ces deux volumes à étage se faisant face sur rue permettent de définir une séquence urbaine marquant la transition à une densité supérieure à celle du tissu construit rural. Ils définissent en même temps une placette, espace public offrant aux habitants un lieu de rencontre, de jeu et d’identification avec un « chez-soi » dépassant la sphère intime. La placette et son prolongement ainsi crée invitent aussi à une évolution future du tissu urbain voisin, où l’impasse du petit lotissement pourrait trouver une ouverture fortuite à travers notre parcelle de projet. Nous sommes persuadés que seul ce type d’invitations discrètes, mais solidement inscrites dans les nouvelles réalisations peuvent à terme permettre un remaillage des tissus pavillonnaires.

La volumétrie est maitrisée, matérialisant une graduation de la même toiture selon deux largeurs de trames différentes. Cette conjugaison d’un même élément volumétrique correspond à la recherche d’une séquence urbaine, des alignements avec les avoisinants et des orientations garantissant un éclairage et des vues optimales à chaque logement. Nous obtenons par ce jeu de duplication, surélévation et retournement d’un même toit une richesse volumétrique qui correspond aux usages, distingue clairement les logements et tend à renforcer une perception de lisibilité et simplicité architecturale.

En matière de typologies, le projet définit 7 logements de plain-pied, avec entrée et adressages individuels de l’espace public, chacun avec un jardin privatif et un cabanon extérieur dans l’intimité du fond de parcelle. Un chemin dessert les jardins à l’arrière et un maillage de haies ponctuées d’arbustes permet de maintenir les intimités dans ce contexte dense. Un huitième logement se trouve à l’étage, desservi par l’escalier extérieur privatif, aboutissant sur une grande terrasse ouverte au sud sur le paysage bucolique de la mare. Tous les logements ont au moins trois orientations différentes, évitent les vis-à-vis réciproques ou avec les maisons voisines. Tout en respectant les surfaces communes des logements sociaux, chaque habitation a une cuisine clairement définie, séparée du salon et éclairée naturellement. Plus de la moitié des salles de bain sont éclairées naturellement.

Notre réponse à une situation complexe définit un projet d’apparence simple, encourageant une identification et une appropriation forte de logements aux nombreuses qualités : vues traversantes, éclairage généreux, des jardins privatifs comme dernier seuil d’une graduation des espaces de la parcelle.

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