Karst Architecture

BOUNTY


réhabilitation d’une longère

Réhabilitation d’un ancien corps de ferme pour accueillir un lieu de vie et de création

lieu: Langon / 35
type: réhabilitation complète
MOE: KARST architecture + STUDIO1984 auteurs collectifs
MOA: privée
mission: mission complète + EXE + auto construction
surface: 180 m2 SHAB
calendrier: chantier en cours

Au cours de nos études d’architecture, nous avons voulu créer un lieu d’expérimentations sociale et architecturale. Autour de ce projet s’est mis en place rapidement et avec très peu de formalisme un collectif hétéroclite, où les parcours de chacun étaient très différents.

À l’issue d’une longue recherche, nous avons finalement acquis un terrain très bon marché, mais non constructible, sur lequel demeuraient les ruines d’une longère en pierre sèche. Il était alors encore possible d’obtenir un permis de construire à condition d’entrer dans le cadre d’une réhabilitation, ce qui, compte tenu de l’état de dégradation du bâti, relevait d’un cas limite. Le permis finalement accepté a alors débuté un chantier expérimental difficile, car doté d’un budget extrêmement limité, mais porté par une dynamique collective forte.

Abandonnée depuis plus de 50 ans, la maçonnerie devait être en grande partie remontée. Alors qu’il eut été bien plus rapide de reprendre l’existant avec des techniques contemporaines, la logique du réemploi des pierres de l’ancienne bâtisse s’est imposée pour des raisons de coût et nous a conduits à redécouvrir la technique traditionnelle de maçonnerie en pierre sèche. Il va sans dire que la reconstruction des murs de 60 cm d’épaisseur a constitué un travail aussi laborieux que passionnant. La charpente, également auto construite, en bois Douglas sans traitement, partiellement récupéré, est dans un premier temps couverte par du bac acier lui aussi issu d’une démolition. Le chantier est conçu dès le départ comme un laboratoire des techniques alternatives de réhabilitation : dalle isolante en chaux et pouzzolane sur hérisson traditionnel posé sur champ à la main, isolation chaux chanvre, couvertines en zinc sur murs traditionnels, approvisionnement en eau par forage et alimentation électrique par éolienne et panneaux solaires, sans branchement au réseau, etc.

C’est aussi une expérimentation sociale, puisque travailler ensemble dans un cadre non professionnel soulève un grand nombre de questions sur l’autorité et la légitimité de l’architecte/chef de chantier face à l’initiative individuelle et à la dynamique collective.

Réalisé en autofinancement, sans emprunt, et en auto construction, ce projet a dû être pensé en termes de phases étalant dans le temps les efforts en main-d’œuvre et en investissement. La logique évolutive de l’espace habitable et de ses usages induit de conserver le plan le plus libre et les distributions les plus neutres possibles. Aboutissement de cette démarche incrémentale, la constitution de plusieurs enveloppes isolées permettra également d’adapter le volume chauffé au niveau d’occupation. Entre les murs en pierre sèche, rénovés, à la géométrie irrégulière, l’espace habitable qui en émerge s’inscrit comme une greffe assumant la rigueur de ses procédés constructifs contemporains.

Les techniques mises en œuvre sont liées à la pratique massive du réemploi (pierre/bois/couverture/menuiseries) participant tant d’une démarche d’écoconstruction que d’économie du projet. En présentant ce projet, nous cherchons surtout à mettre en évidence la valeur non monétaire que l’architecture sait créer. Avec très peu d’investissement financier, ces vieilles pierres d’une bâtisse paysanne retrouvent leur permanence minérale dans la nouvelle vie qu’elles abritent : habitation collective, atelier de travail du bois, espace de concerts, banquets, résidences et spectacles.

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